Interview 2 : Plateforme d’orientation linguistique de la Mission locale de la Vallée de Montmorency (95)

« Le fait que la plateforme linguistique soit intégrée au sein de la Mission locale permet de flécher dès l’accueil un bénéficiaire avec une problématique linguistique. »

Inès Mzoughi coordonne la Plateforme d’orientation linguistique créée au cœur de la Mission locale Vallée de Montmorency, sur le territoire du Val d’Oise (95). Dans cet entretien, elle revient sur l’aventure de la création de la coordination linguistique depuis 1 an.

Des 29 coordinations linguistiques d’Ile-de-France, celle que vous coordonnez est la seule à être portée par une Mission locale. Pouvez-vous nous dire comment a émergé ce projet et à quel type(s) de public(s) il s’adresse ?

La Mission locale de la Vallée de Montmorency accueille 6 000 jeunes par an, de 16 à 25 ans, ni en emploi ni en formation, et leur propose un accompagnement social (santé, démarches) et professionnel (orientation, suivi). Au contact de ces jeunes, dont certains sont migrants, les conseillers ont identifié des besoins d’information et d’orientation spécifiques aux différentes situations administratives et niveaux de maîtrise de la langue. Dans ce contexte, la Mission locale s’est portée volontaire pour créer une coordination linguistique afin de pouvoir proposer une prise en charge de ces profils. Avec le financement de la Préfecture d’Ile-de-France, la plateforme d’orientation linguistique Mission locale de la Vallée de Montmorency a vu le jour il y a un an. Concrètement, entre avril et décembre 2021, nous avons accueilli et orienté 126 personnes essentiellement jeunes (16-25 ans), mais nous sommes destinés à prendre en charge des adultes primo-arrivants également (+ de 26 ans).

Quelles sont les spécificités du territoire couvert par la Plateforme d’orientation linguistique Mission locale de la vallée de Montmorency ? Quel(s) intérêt(s) pour la Mission locale et ses co-financeurs à ce qu’il existe une coordination linguistique sur le territoire ?

La plateforme d’orientation linguistique Mission locale de la Vallée de Montmorency s’étend sur 28 communes péri-urbaines de l’Ouest-Val d’Oise et regroupe deux agglomérations : Val Parisis et Plaine Vallée, soit environ 450 000 habitants. Ce territoire était jusqu’ici une zone blanche, avec peu ou pas d’outils pour sécuriser les parcours linguistiques des publics primo-arrivants. L’intérêt premier est donc celui des bénéficiaires en difficulté linguistiques et professionnelles. Mais si nous sommes en mesure de leur apporter des réponses adaptées, c’est parce qu’au sein de la coordination linguistique nous échangeons en permanence avec les organismes de formation du territoire. En effet, nous avons mis en place un suivi dès l’orientation et jusqu’après la formation pour faciliter leur insertion professionnelle. Aussi, le fait que la plateforme linguistique soit intégrée au sein de la Mission locale permet de flécher dès l’accueil un bénéficiaire avec une problématique linguistique. Cette compétence interne est un soulagement et un gain de temps pour tous. Les intérêts sont donc multiples et vont au-delà des seuls bénéficiaires.

Comment le Centre de ressources illettrisme et maîtrise de la langue Ile-de-France (CDRIML) a-t-il rejoint le projet de création de la Plateforme d’orientation linguistique Mission locale de la vallée de Montmorency ? En quoi a consisté son accompagnement ?

Le projet de création de la plateforme d’orientation linguistique a reçu un accompagnement du CDRIML à chaque étape clé – et il se poursuit encore aujourd’hui. D’abord, la mise à disposition de ressources méthodologiques a aidé à définir les objectifs de la coordination linguistique, puis la mise en lien avec d’autres Coordinations territoriales linguistiques (CTL) franciliennes a permis de s’inspirer de l’existant pour l’adapter à notre échelle intercommunale. Ensuite le CDRIML a apporté son conseil pour le recrutement du poste de coordination linguistique, il a référencé notre Plateforme dans sa base de données des CTL en lien avec la cartographie de Réseau Alpha. Et puis, en tant qu’acteur francilien de l’orientation et de l’accompagnement, nous avons aussi pu bénéficier de l’offre de professionnalisation du CDRIML, notamment « Repérer pour orienter ».

Etes-vous toujours en contact avec d’autres coordinations linguistiques, que ce soit au niveau local, départemental ou régional ? Si oui, quelle incidence ont ces échanges sur la sécurisation des parcours ?

La reconnaissance entre pairs et celle des institutionnels est primordiale, et faire partie d’un réseau est très important pour nous. Nous sommes reconnaissants à la Maison de la Langue, au Réseau Eiffel, au CDRIML et à Réseau Alpha d’avoir répondu présents dès les prémices du projet. Face à des questions pratiques auxquelles on n’a jamais été confronté, on se sent beaucoup moins isolé. Et nous retrouvons cette dynamique au sein du réseau régional des CTL, où nous avons pu à notre tour témoigner de situations rencontrées sur le terrain et de la façon dont nous avons choisi d’y remédier. Ces temps d’échanges nous ont inspirés pour aller à la rencontre de partenaires au niveau local (centres sociaux, ateliers socio-linguistiques, etc.) et au lieu de travailler chacun dans son coin, nous sommes ravis d’échanger entre pairs pour trouver ensemble des solutions d’insertion. Cela nous permet de construire progressivement une vision panoramique du territoire et d’être mieux identifiés par nos partenaires actuels et futurs.

Auteur.e.s : Propos recueillis par Adèle Pedrola (Centre de ressources illettrisme et maîtrise de la langue Île-de-France).

Éditeur : Défi métiers, en partenariat avec le CDRIML.

Date : 2022